En 2015, le Rainbow Warrior III est à Vanuatu pour soutenir les populations mal

Il y a 30 ans, le Rainbow Warrior déjà à la rescousse des populations

En 2015, le Rainbow Warrior III est à Vanuatu pour soutenir les populations malmenées par les changements climatiques. Il y a 30 ans, quasiment jour pour jour, son illustre prédécesseur, le Rainbow Warrior I, modifiait sa route pour aider les habitants de Rongelap, victimes silencieuses des essais nucléaires américains.

La situation des îles de Vanuatu est catastrophique. Les effets du changement climatique s’y font sentir de façon violente. Le dernier cyclone, Pam, a été particulièrement sévère et c’est pourquoi Greenpeace a envoyé le Rainbow Warrior pour apporter du matériel aux populations les plus isolées, dont de l’éclairage solaire. C’est aussi l’occasion de montrer au monde les ravages concrets des politiques énergétiques aberrantes qui enferment la planète dans une spirale infernale. Un rôle essentiel de témoin et de soutien dans la tradition de l’engagement du porte-étendard de la flotte Greenpeace.

Locals from Panita Village, Tongoa Island with deliveries from the Rainbow Warrior. The Rainbow Warrior anchors offshore in the background. Tongoa Island is one of the outer Islands of Vanuatu hit by Cyclone Pam in March. Greenpeace is in Vanuatu to help deliver relief to outlying islands. After Cyclone Pam devastated Vanuatu, 75,000 people have been left in dire need of emergency shelter and other goods to restore their lives and homes.

Nom de code « Bravo »

En effet, il y a trente ans, le Rainbow Warrior faisait cap sur les Iles Marshall avant de se rendre à Auckland où allait se jouer son funeste destin…

Trente ans avant, en 1954, les États-Unis procédant à des essais nucléaires dans la région, font exploser sur l’île de Bikini une bombe de 15 mégatonnes, soit 1000 fois la puissance de la bombe de Hiroshima. Son nom de code : « Bravo ». Les populations des îles avoisinantes, dont Rongelap, ne sont ni averties, ni évacuées. Une fine poussière radioactive, comme de la neige, tombe du ciel, l’eau change de couleur… Rapidement certains habitants souffrent d’éruptions cutanées et de chute de cheveux…

Ce n’est que trois jours plus tard que la Marine évacue les populations. Elles sont autorisées à revenir trois ans plus tard, rassurées par la promesse que le site n’est plus pollué. Mais les décennies suivantes, les taux élevés de cancers de la thyroïde, de leucémies et de fausses-couches, les retards de croissance ou les malformations des nouveau-nés contredisent cette affirmation.

L’opération EXODE

En 1985, conscients que leur île a été contaminée et sacrifiée, les 308 habitants demandent à Greenpeace de les transférer, avec leurs biens, à 195 kilomètres de là jusqu’à l’île inhabitée de Mejato, plus petite mais moins sujette à l’empoisonnement. Pendant 6 jours, l’équipage du Rainbow Warrior travaillera sans relâche pour embarquer hommes, femmes, enfants (dont certains grièvement malades) et objets de première nécessité pour leur offrir une chance de survivre… Ce sera la dernière mission du Rainbow Warrior avant de rejoindre Auckland. Les photos prises par Fernando Pereira feront le tour du monde.

Évacuation des habitants de Rongelap par l’équipage du Rainbow Warrior en 1985, dans le Pacifique.

Refuser de voir l’évidence : combien de temps encore ?

Aujourd’hui encore les stigmates de cette tragédie se font sentir. Rongelap est occupée par des ouvriers qui nettoient et reconstruisent dans l’espoir de permettre aux leurs de revenir sur la terre de leurs ancêtres. Les indemnités promises par les États-Unis n’ont jamais été pleinement versées… Depuis 1996 les essais nucléaires sont interdits et tout le monde trouve cette interdiction normale. Pourtant pour en arriver là, il a fallu toutes ces tragédies, ces populations sacrifiées, ces années de contestations difficiles, la mort d’un militant non violent…

Et si nous ne renouvelions pas les mêmes erreurs ? En 2015, nous sommes confrontés au péril des changements climatiques qui menacent toute la planète, sans exception. La prise de conscience est grandissante, la contestation est de plus en plus forte, les solutions existent et de nombreux citoyens incarnent déjà ce changement nécessaire. Mais il reste aussi des forces puissantes qui s’activent pour que rien ne bouge. Pourtant, nous n’avons pas le temps d’attendre encore des décennies. C’est maintenant qu’il faut inverser la tendance de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Sans quoi, il sera trop tard.