À l’heure où les vagues de froid et les pics de consommation électrique bat

Climat

Vague de froid et pics de consommation électrique : la France nucléaire émet beaucoup plus de CO2 que prévu !

À l’heure où les vagues de froid et les pics de consommation électrique battent des records, Greenpeace dénonce la faillite du système énergétique français fondé sur du tout nucléaire.

« Il est scandaleux d’entendre EDF appeler les citoyens à réduire leur consommation alors qu’EDF et l’État français ont mis en place un système où surproduction d’électricité et dispositifs d’économies d’énergie insuffisants obligent les citoyens à gaspiller l’électricité, condamne Frédéric Marillier, de Greenpeace France. Il est aberrant de venir culpabiliser les consommateurs, otages d’un système énergétique inefficace, cher et polluant, à un moment où ils ont légitimement besoin d’énergie ! »

La faillite du système énergétique français
Avec les températures qui chutent augmente le recours au chauffage électrique, qui équipe près d’un tiers des ménages français (record européen). Pour faire face à ces pics de consommation d’électricité (le record historique a explosé hier avec 92 500 mégawatts, contre 88 960 MW en décembre 2007), les 58 réacteurs du parc nucléaire français sont totalement inadaptés. Les centrales nucléaires produisent « en base » : elles fournissent une puissance constante, quelle que soit la demande en électricité, et ne sont pas du tout adaptées aux variations. EDF est alors obligé de recourir à deux solutions, toutes deux fortement émettrices de gaz à effet de serre… D’abord, allumer ses vieilles centrales au fioul. Résultat : depuis 1990, la part des énergies fossiles dans la production d’électricité française a crû de près de 25 %. Et ensuite, importer de plus en plus d’électricité produite chez nos voisins européens, en grande majorité à partir du charbon. Depuis cinq ans, l’Allemagne est ainsi exportatrice nette d’électricité vers la France (rapport RTE 2007).

« Le système nucléaire, et les surcapacités électriques qu’il a engendrées, a conduit à une perversion : on a développé le chauffage électrique parce qu’EDF avait des kilowattheures à vendre, explique Frédéric Marillier. Cette situation conduit à une augmentation du recours aux combustibles fossiles en période de pics. »

Le scandale du chauffage électrique
Une étude sur l’efficacité électrique, commandée par Greenpeace à l’institut ICE (à paraître en janvier), révèle qu’en France les pics de consommation liés au recours aux convecteurs électriques s’avèrent très fortement émetteurs de CO2. « Selon les premiers résultats de cette étude, en France, le contenu en CO2 du chauffage électrique approche les 600 g de CO2 pour tout kWh supplémentaire, contre 230 g par kWh pour le gaz, par exemple », précise Frédéric Marillier. En France, le chauffage représente 10 % de la consommation globale d’électricité et 80 % des constructions neuves sont aujourd’hui équipées en chauffage électrique !

La solution : stopper l’expansion du nucléaire !
Au lieu d’appeler les citoyens à ne pas utiliser leur sèche-linge ou leur lave-vaisselle, l’État français ferait mieux de renoncer d’urgence au programme EPR, et notamment à l’annonce de la construction d’un 2e réacteur (publication de la Programmation pluriannuelle des investissements – PPI – attendue pour janvier).

« Investir dans le nucléaire accentuerait ces phénomènes de pics et de recours aux énergies fossiles, avec comme résultat à terme une augmentation des émissions de CO2 dans l’électricité française, affirme Frédéric Marillier. La France doit renoncer à son projet de 2e EPR et investir les 4 milliards nécessaires à sa construction dans des dispositifs d’économies d’énergie (isolation de l’habitat) et dans le développement des renouvelables, seules solutions permettant de faire face à la fois aux enjeux de consommation, d’indépendance énergétique, de lutte contre les changements climatiques et de défense du pouvoir d’achat des consommateurs. »