Climat

Le réchauffement climatique menace la sécurité internationale

Le réchauffement de la planète ne constitue pas seulement un danger pour l’environnement, c’est aussi « un multiplicateur de menaces qui renforce les tendances, les tensions et l’instabilité existantes », affirme un rapport publié mardi 11 mars par les services du haut représentant de l’Union européenne, Javier Solana, et de la Commission européenne.

Sans surprise, l’énergie figure parmi les secteurs les plus concernés. Selon les auteurs du rapport, « une concurrence accrue pour l’accès aux ressources énergétiques et leur contrôle » risque, à l’avenir, de générer de nouveaux conflits. Par exemple, une partie importante des réserves mondiales d’hydrocarbures se trouve dans des régions particulièrement vulnérables au dérèglement du climat et sujettes à des enjeux socio-économiques et démographiques particulièrement sensibles. Par exemple, la concurrence pour l’appropriation des ressources énergétiques risque de s’exacerber dans les régions polaires, rendues exploitables par la fonte des glaces. La Russie a d’ailleurs déjà donné le ton en plantant son drapeau sous le pôle Nord.

Autre menace pour la sécurité internationale : l’énergie nucléaire, que ses promoteurs présentent à tort comme une solution face au défi climatique. L’éventualité d’un recours plus important à l’énergie nucléaire pour la production d’électricité « pourrait susciter de nouvelles inquiétudes en matière de prolifération dans le contexte d’un régime de non prolifération déjà soumis à des pressions », commente le rapport européen.

Le rapport évoque également la recrudescence prévisible des conflits liés à la pénurie d’eau, susceptible de provoquer des troubles civils et des pertes économiques substantielles, même dans les économies stables. Ou encore le recul des côtes et la submersion de vastes zones dues à l’élévation du niveau des mers, qui pourraient entraîner des pertes de territoires, et même la disparition de pays entiers…

Ce document sera discuté jeudi 13 mars, lors du Conseil de printemps qui réunira les chefs d’État et de gouvernement européens pour discuter du paquet climat/énergie, qui va déterminer la feuille de route de la politique européenne pour les quinze années à venir. « Ce rapport confirme, s’il en était encore besoin, l’urgence à agir pour éviter les pires dangers posés par les changements climatiques, la raréfaction des ressources énergétiques et les mauvaises solutions promues par les industries nucléaires », commente Karine Gavand, chargée de la campagne climat de Greenpeace France. Greenpeace regrette que les auteurs du rapport se contentent de proposer le dialogue, l’observation terrestre ou encore les instruments de gestion des crises comme solutions face à de telles menaces pour la sécurité internationale. « Les auteurs ne mentionnent à aucun moment les seules solutions pérennes, sûres, et rentables qui existent pour faire face aux enjeux énergétiques et climatiques : l’efficacité et les renouvelables. Gageons que les chefs d’État réunis à Bruxelles le 13 mars sauront entendre le message et défendront une politique énergétique européenne à la hauteur des enjeux », conclut Karine Gavand.